Un petit goût de paradis
Franchement, on avait été un peu déçu par la Croatie. Même si Pula au petit matin vide de ses touristes nous avait séduit. On avait aimé déambuler dans les petites rues presque désertes. On s’était délecté de notre cappuccino au soleil, avec un bon bouquin. Mais c’était un peu comme le lundi au soleil de la chanson de Claude François, on savait qu’on ne l’aurait jamais, qu’il suffirait de deux trois heures pour que la foule envahisse, paralyse et abîme ce petit bijou.
Alors que faire ? On avait presque envie d’aller directement en Italie, vers le connu puisque l’inconnu pouvait être décevant. Et puis la Slovénie, ce n’était pas d’une évidence même. En effet, nous avions un guide mais… sur la table de la cuisine à Paris. Je me voyais encore en train de me dire, « il ne faut pas que je l’oublie celui là » Je me voyais y penser mais je ne me voyais pas le prendre et pour cause il y est resté. C’est donc avec trois ou quatre infos glanées à la va-vite sur Internet que nous sommes partis en Slovénie. En toute honnêteté, vous nous demandiez hier de vous citer quelque chose sur la Slovénie, on en aurait été bien incapable. La capitale ?
Le gouvernement ? Le nombre d’habitants ? La seule chose que l’on savait sur la Slovénie, c’est qu’on a toujours besoin de réfléchir deux secondes avant de terminer le mot pour ne pas dire Slovaquie. Mais on n’est pas les seuls parce que Georges Bush a dit à un journaliste qu’il venait de voir le premier ministre slovène alors que c’était le premier ministre slovaque qui avait fait le déplacement. On raconte même que lors de la venue du premier ministre slovène en Roumanie, on lui aurait joué l’hymne slovaque. Avec un peu de chance, les deux premiers ministres en question se bidonnent de ce genre de bourde autour d’une petite bière.
Donc direction, Ljubljana, capitale de Slovénie. On s’attendait à tout et à rien. D’ailleurs, une fois passé le panneau annonciateur de la ville, on trouvait cela vert, très vert, trop vert pour être une capitale. Si vert qu’il y avait, véridique, des champs de maïs. Quel genre de pays peut avoir des champs de maïs dans sa capitale ?
Un petit pays de 1 981 830 habitants dont 269 970 vivent à Ljubljana. Un pays de l’union européenne dont le niveau de vie est équivalent et bientôt supérieur à celui du Portugal ou de la Grèce. Un pays où on privilégie la nature et où on encourage l’entreprise individuelle. Un pays où il semble faire bon vivre. Certains parlent de la Suisse de l’est, erreur la Slovénie semble être bien plus séduisante.
Donc une fois passé les champs de maïs, on a repéré le plus haut clocher avec pour objectif le centre ville. Nous avons garé notre voiture, marché un peu pour découvrir un petit joyau. Une petite merveille qui nous a instantanément charmé comme aucune ville n’avait encore réussi à le faire. Prenez une impression d’Amsterdam, un zest de Venise, une pincée d’art nouveau, une rasade de Baroque, le tout saupoudré de verdure, de rues piétonnes. Et vous avez Ljubljana, tellement jolie qu’on lui pardonne son nom imprononçable.
Bien sûr il y a quelques touristes mais pas tant que cela. Pourtant Ljubljana les accueillent avec élégance et délicatesse. Prenez par exemple, le palace de la ville, le Lev. Il offre pendant le mois d’août une promotion. La chambre double à 100 euros. Un 5 étoiles à 100 euros. Coupe de champagne de bienvenue incluse. Après le camping, la vie de château. Petit déjeuner phénoménale sur une table à roulette comme dans Pretty Woman.
A 440 km de Budapest, 610 de Prague, 370 de Vienne, nous venons de trouver ce que nous cherchions désespérément. Une magnifique ville à taille humaine, préservée du tourisme, avec des prix plus que raisonnables. Et si Slovénie rimait avec Paradis ?